Du coup, j’en profite pour donner quelques exemples de MVP que j’ai utilisé ces dernières années.
Mais avant, un MVP c’est quoi ?
MVP veut dire Minimum Viable Product. Certains préfèrent Minimum Valuable Product, d’autres Minimum Viable Experiment.
C’est une stratégie utilisée dans le Lean startup pour apprendre rapidement des utilisateurs, en leur apportant de la valeur ajoutée, à moindre investissement.
Pour reprendre l’image précédente, avant de construire une voiture, pour aller plus vite d’un point A vers un point B, peut-être allez-vous d’abord tester un skate board, puis une trottinette…
Le skate board du consultant
Imaginez que vous souhaitiez lancer seul sur le marché un sujet encore peu connu. Ce fut le cas pour moi au démarrage de l’agilité en Bretagne, puis au démarrage du Kanban en France, il y a quelques années.
- Comment savoir à moindre coût / effort si le sujet va être porteur ou non ?
- Comment le diffuser alors que vous n’avez pas les moyens d’un cabinet de conseil ou d’une SSII ?
- Comment savoir comment en parler et à qui ?
La stratégie consiste à faire des expérimentations qui ne coûtent pas trop en temps, en argent, en énergie … Mais qui permettent d’avoir rapidement des réponses à ces questions, en voici quelques exemples :
Le MVP de contenu pour construire une audience
Le plus classique et le plus évident : le blog. Il me permet depuis des années de tester et développer des idées que j’actionne lors de mes formations ou de mes missions d’accompagnements.
C’est un exemple simple de MVP car le contenu que je donne permet déjà à certains de répondre à leurs attentes, à l’exemple d’articles tels que Quand Scrum ne marche pas … complètement.
Il me permet d’avoir des feed-backs qualitatifs sur les problèmes ou les solutions proposées; et des feed-backs quantitatifs sur la traction du sujet avec le suivi des analytics du blog. Evidemment, il permet également de se construire une audience, notamment avec une newsletter.
Bien, mais cet exemple est trop simple.
Fake door
Pour diffuser une nouvelle méthode, la formation est essentielle. Mais construire les supports prend du temps. Alors avant de les réaliser, commencez par ajouter une entrée dans votre catalogue web de formations. Elle pointera vers une page disant que le programme est en construction ou demandant de vous contacter pour plus d’informations.
L’idée est de savoir s’il y a suffisamment de personnes intéressées par le sujet, en comptant le pourcentage de clics sur le lien, avant d’investir dans la réalisation d’un support. Fake Door, donc.
Certains sont frileux à l’idée de l’utiliser. Je l’ai fait par exemple sur le Scrumban, le Kanban appliqué dans un contexte Scrum. C’est très simple et permet d’avoir un retour rapide si votre site draine suffisamment de visiteurs. Au besoin, une campagne de publicité en ligne sur une durée très courte peut aider à avoir un résultat significatif.
Mais ce MVP ne permet pas de savoir pourquoi les gens viennent ou non.
Le MVP à fonctionnalité unique
Avant de bâtir toute une formation, on peut y aller par étapes : une fonctionnalité à la fois. Par exemple commencer par faire une présentation d’une heure à une série de conférences plutôt qu’un jour ou deux de formation.
Si réaliser un support de formation prend du temps, celui d’une conférence peut également être assez consommateur.
Les conférences étant planifiées, il faut souvent attendre quelques semaines. C’est très long pour attendre des retours.
Pour accélérer, la conférence peut être découpée en un ensemble de petites scènes podcastées (des cas d’usage, des exemples, …), de quelques minutes, que vous pouvez poster sur votre blog ou sur youtube.
Reprenons l’exemple de ScrumBan. On est en janvier, c’est la période creuse pour la formation. J’ai le temps de préparer un support, mais je ne suis pas sûr de l’intérêt du marché pour cela. Après avoir mis en place la fake door, je décide de tester sa traction en conférence, lors du Scrumday en avril à Paris; rt de pouvoir en discuter avec des gens pour écouter leur besoin.
Avril c’est loin, je découpe donc ma conférence en une série de 7 podcasts que je publie sur mon blog, à raison de un toutes les semaines. Cela me permet rapidement de voir l’intérêt des lecteurs pour le sujet. J’ai finalement construit ma session de conférence sur la base des cas d’usage les plus regardés, grâce aux analytics de youtube.
Je suis passé donc de la réalisation d’un support de plusieurs jours testable en quelques mois, à une session d’une heure testable en quelques semaines, à des podcasts de quelques minutes, testables immédiatement.
L’intérêt est indéniable. D’autant que c’est une approche incrémentale. C’est à dire que chaque podcast construit un peu plus la conférence, qui construit un peu plus le support de formation.
Bien qu’ayant eu de bons retours de la session, ils n’étaient pas suffisants, de même que ceux de la fake door, pour lancer la formation. J’ai donc mis de côté la réalisation du support, jusqu’à ce que la demande soit présente.
En effet, les podcasts ont été vus quelques centaines de fois seulement, pour quelques milliers pour les vidéos sur Kanban. On n’est pas dans le même rapport.
La conférence a été filmée :
Voilà comment sur un sujet qui semblait porteur, j’ai investi peu à peu, le produit minimum viable à chaque fois, et décidé d’arrêter avant d’investir trop de temps pour rien dans un support de formation.
Histoire de la création du livre Kanban pour l’IT
Si cette notion de MVP vous intéresse, je raconte sur le blog du Shift comment le Lean startup m’a aidé à écrire mon livre Kanban, à base de landing page et autres stratégies.
Et vous, quel est votre skate board ?